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Les dessous des pochettes d’albums cultissimes - Épisode 3 - The Rolling Stones - Sticky Fingers

écrit par Hugues Ranjard le mercredi 2 août 2023

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Les dessous des pochettes d’albums cultissimes - Épisode 3 - The Rolling Stones - Sticky Fingers

 

Au-delà de la musique, l’artwork qui l’accompagne a prit une réelle importance dans les années 60. Le vinyle, contrairement au CD, apparu dans les années 80, met beaucoup plus en valeur cet aspect du disque. Les galettes noires vivent aujourd’hui une nouvelle vie et donnent un surplus d’importance à la pochette d’album. Retour sur 5 des plus cultes d’entre elles abritant des histoires que l’on ne pouvait imaginer. On continue aujourd'hui la série avec le classique Sticky Fingers des Stones. 

Les dessous des pochettes d’albums cultissimes - Épisode 3 - The Rolling Stones - Sticky Fingers
 

Sticky Fingers, nouveau départ pour les Stones.

 

Andy Warhol, après la pochette des Velvet n’allait pas s'arrêter en si bon chemin. 4 ans après la sortie de l’album à la banane, il se remet au travail pour une nouvelle fois créer une pochette ancrée dans l’histoire du rock à tout jamais. Après tout un merdier niveau label, un endettement à hauteur de 29 millions d’euros, les Stones lancent leur propre label, Rolling Stones qui sera dépucelé par l’album Sticky Fingers. 

C’est à partir de cet album et la création de leur label que le classique symbole de la langue devient l’emblème des Rolling Stones. C’est également le premier album enregistré avec Mick Taylor comme membre du groupe. Et pas n’importe quel album, on parle ici d’un des plus grands succès des Stones avec des morceaux comme Brown Sugar, Wild Horses ou encore Sister Morphine. L’album se vendra à plus de 500 000 exemplaires en une semaine. 

C’est deux ans plus tôt pendant une soirée à New York qu'Andy Warhol suggère l’idée qu’une pochette d’album contenant une vraie braguette serait amusante. Sans arriver à se mettre d’accord entre eux pour la pochette de l’album, l’idée de Warhol reviendra en tête à Mick Jagger et il en sera ainsi. Mick Jagger adresse ainsi une lettre à Warhol pour lui passer commande… Par chance, le contenu de cette lettre a été rendu public, et on voit toute la confiance qu'accordait alors Mick Jagger à Warhol… 

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Sticky Fingers, scandaleusement génial
 

Le nom Sticky Fingers est suggéré du titre d’un film pornographique. On est alors déjà border.. C’est pas Andy Warhol qui va arranger ça. De toutes les manières, les Stones avaient déjà à l’époque une réputation sulfureuse qui ne mettait absolument pas leur succès en péril, c’est tout le contraire. La pochette de l’album nous dévoile donc une paire de jeans moulant coupé à la taille équipée d’une vraie fermeture éclaire à la braguette.  À l’ouverture de celle-là, un slip blanc accompagné de la signature d'Andy Warhol qui contrairement à la pochette des Velvet se trouve caché à l’intérieur du disque. 

Tout comme l’album à la banane, la référence sexuelle est ici encore flagrante, ou évidemment n’est demandé qu’une chose (sans même le demander, c’est ça qui est fort), ouvrir cette braguette. Sauf que dans les années 70, tout le monde n’a pas kiffé cette ouverture sexuelle, très loin de là. Certains pays en sont allés à changer la pochette de l’album ou alors à lui rajouter certains détails. La Russie à rajouter une boucle de ceinture de l’armée soviétique alors que l’Espagne de Franco y est allée plus franco (la perche était trop grande) et a complètement changé la pochette. Là-dessus, les Espagnols ont été vraiment 1ᵉʳ degré, à la place de la braguette, ils ont fait le choix d’une boite de conserve remplie de doigts féminins coupés. 

Les dessous des pochettes d’albums cultissimes - Épisode 3 - The Rolling Stones - Sticky Fingers

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Mystère et problèmes de braguette
 

La pochette géniale imaginée par Andy Warhol a été photographié par Billy Name. Le géant du Pop Art a tout de même touché l’équivalent de 126 000 Dollars pour la pochette, ce qui est conséquent. 

Pourtant, Warhol regrette de ne pas avoir demandé de droits d’auteurs proportionnels aux ventes. En effet, il disait que l’artwork du disque était une des raisons de son succès. On peut émettre des doutes sur cette affirmation. L’album à la banane, même signé du nom Andy Warhol à l’avant de la pochette s’était à peine vendu… Ego surdimensionné Andy ?

Au-delà du scandale lié à l’aspect sexuel que renvoie la pochette, un mystère demeure. Qui est le mannequin qui a posé pour la photo ? Contrairement à l’avis de beaucoup, non ce n’est pas Mick Jagger. Ce dernier n’était pas à la séance photo ce qui l’écarte directement de cette hypothèse. Beaucoup se réclament d'être le modèle photo à l’énorme sexe que l’on peut deviner. Il existe beaucoup de candidats. La photo a été prise à la Factory, l’atelier d’artistes d’Andy Warhol à New York. Et à la Factory, lieu d’ultra liberté homosexuelle ou tout le monde couche avec tout le monde, se trimballant nue ou alors avec un jean moulant comme celui de la pochette, il y avait le choix. Le mystère demeure toujours même si un certain Joe Dallesandro disait reconnaître sa ceinture. D’autres affirment qu’il s’agit d'Eric Emerson, danseur, acteur et habitué de la Factory. Finalement, le mystère demeure, mais qu’importe, l’important réside ailleurs, tout d’abord dans l’album et puis aussi dans l’idée même de cette pochette.  

Les dessous des pochettes d’albums cultissimes - Épisode 3 - The Rolling Stones - Sticky Fingers

Confectionner une braguette pour chaque pochette s’avérait difficilement réalisable, finalement, ça n’a pas loupé. En empilant les disques les uns sur les autres, on se rend vite compte que la pression exercée par les braguettes raye les vinyles pile au niveau du morceau Sister Morphine. Le Label Atlantic Records qui distribuent les disques aux États-Unis voient les disques revenir par centaines et menace le DA en charge du projet, Graig Braun, d’un procès. 

La solution à ce problème était d’entrouvrir toutes les braguettes, ajoutant une nouvelle dose sexuelle à la pochette. Quand ouverte à la moitié, la pression était alors faite sur le macaron et non pas sur le disque en lui-même. Au final, les premiers pressings archi collector du disque sont rayés, c’est con… Plus tard, les fermetures éclaires seront supprimées des pochettes facilitant largement sa production. 

C’est donc un coup de génie (en plus de la musique évidemment) qui place ce disque comme un incontournable des Stones et du classic rock en général.

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Hugues Ranjard
écrit le mercredi 2 août 2023 par

Hugues Ranjard

Rédacteur en chef pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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mis à jour le mercredi 2 août 2023

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