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Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 1 : Jane Birkin : l’atout charmeur de Serge Gainsbourg

écrit par Virginie Paillard le lundi 15 mars 2021

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Les irrésistibles muses des grands noms de la musique 


Chapitre 1 : Jane Birkin : l’atout charmeur de Serge Gainsbourg

 

« Toi, femme enfant fatale ». C’est ainsi que Lou Doillon a appelé sa mère, l’iconique et immortelle Jane Birkin lors des victoires de la Musique, le 12 février. Belle dénomination pour la frêle chanteuse, devenue notre Lady Jane nationale, la plus française des Britanniques.  Mais comment est-elle devenue Jane B. ? Il lui a fallu pour cela un Pygmalion à sa hauteur, qu’elle trouva en la personne du légendaire Serge Gainsbourg…
 

 Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 1 : Jane Birkin : l’atout charmeur de Serge Gainsbourg

Alors, il était une fois, une baby doll de vingt-deux ans, récemment divorcée du génie de la musique John Barry. Pure produit du Swinging London, elle décide de tenter sa chance à Paris, où elle débarque  en 1968, sa fille Kate sous le bras.

Elle a déjà connu un certain succès de scandale dans son pays, avec le sulfureux Blow Up (1966), où elle apparait quelque peu dénudée à l’écran. Cette fois, elle décroche le premier rôle dans un film plus sérieux et partage la tête d’affiche avec le déjà célèbre Serge Gainsbourg, chargé également de la bande originale. 

Leurs premiers échanges sont compliqués : Gainsbourg est ouvertement hostile envers cette gamine aux allures de garçon, qui baragouine à peine trois mots de français avec un accent à couper au couteau, le visage caché sous une épaisse frange. Elle, intimidée, enchaîne les crises de larmes. Le réalisateur Pierre Grimblat comprend que cette situation ne peut plus durer et organise un dîner entre eux. La suite, souvent racontée avec nostalgie par Birkin, marquera le début d’un amour de près de douze ans, et d’une collaboration artistique qui ne cessera qu’avec la disparition de Serge Gainsbourg, en 1991.

Le couple commence alors leur vie commune. Très inspiré par la voix pure, frêle, presque enfantine de sa nouvelle muse, Gainsbourg se met à composer pour elle. Un album, nommé sobrement Jane Birkin – Serge Gainsbourg sort en 1969. Sur la pochette, le compositeur s’est effacé pour exhiber la jolie Jane. 


Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 1 : Jane Birkin : l’atout charmeur de Serge Gainsbourg


L’album comprend des titres sur mesure, comme Jane B. qui s’inspire pour les paroles du roman Lolita de Nabokov, et pour la mélodie d’un des Préludes de Chopin, deux grandes inspirations de l’artiste. 69 années érotiques également, qui apparaît comme la déclaration d’amour sur mesures de Serge à Jane. Mais le titre le plus sulfureux de l’album, celui qui rendra leur couple le plus médiatique et sensuel de la décennie 70’s, est bien évidemment Je t’aime moi non plus. Ironie du sort, ce morceau devenu emblématique du duo Gainsbourg-Birkin, avait été écrit à l’origine pour Brigitte Bardot, avec qui le compositeur avait eu une aventure juste avant de rencontrer Jane. 


L’album est salué par la critique et fait connaître Jane Birkin en France. Partout, elle incarne l’image de l’anglaise à la fois innocente et provocante. Ses albums, presque tous exclusivement écrits et composés par son amant, ne connaissent pas toujours de grands succès, comme Di doo dah, dont le morceau éponyme est pourtant aujourd’hui culte, mais qui ne sera vendu qu’à environ vingt-cinq mille exemplaires. Elle est finalement beaucoup plus connue en tant que symbole (voire de sex-symbol) qu’interprète. Elle ira même jusqu’à dépasser en popularité Gainsbourg, qui devient presque un « Monsieur Birkin », situation qui le fera beaucoup souffrir. 


En parallèle de ses albums et de ses films, elle participe régulièrement aux créations de Serge Gainsbourg. C’est elle par exemple qui donne une voix et un visage à Melody Nelson, la jeune fille au destin tragique de l’album Histoire de Melody Nelson, sorti en 1971. De même que Johnny Jane, le personnage androgyne du film Je t’aime moi non plus, réalisé par Serge Gainsbourg en 1976.  
 

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Cependant, toutes les belles histoires ont une fin. Après douze années d’amour, une petite Charlotte née en 1971 et quatre albums studio, Jane quitte Serge, dévoré par le démon de l’alcool. Cette séparation n’implique certainement pas la fin de leur collaboration artistique. En 1983, celui qui est devenu Gainsbarre lui compose l’album Baby Alone in Babylone, véritable chef-d’œuvre qui remporte le prix de l’Académie Charles-Cros et qui est certifié disque d’or. Il contient la chanson Baby Lou, qu’il avait composé quelques années auparavant pour Alain Chamfort. Cadeau de Serge à l’occasion de la naissance de Lou, la fille de Jane et de son nouveau compagnon Jacques Doillon, et dont il est le parrain. Preuve de l’absence totale de rancœur entre les deux anciens amants. L’album est tout de même rempli de chansons de ruptures douloureuses (Partie perdue, Rupture au miroir). Quelques années plus tard, en 1987, elle brave sa timidité et décide de monter la scène du Bataclan pour interpréter ses chansons. 

 

Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 1 : Jane Birkin : l’atout charmeur de Serge Gainsbourg
 

Le début de l’année 1991 est une période très sombre pour Jane Birkin. Le 2 mars, elle perd son très cher Serge et le jour même de son enterrement, elle apprend la mort de son père qu’elle adore, David Birkin. Elle continuera tout de même de chanter, notamment avec l’album Versions Jane, où elle reprend des titres marquants de Serge Gainsbourg comme L’Ananmour ou Sorry Angel

Dans les années 2000, elle s’affranchit de la tutelle posthume de Gainsbourg en faisant appel à de nouveaux compositeurs comme MC Solaar ou Miossec sur A la légère (1999). Elle finit par écrire ses propres textes sur l’album Enfants d’hiver en 2008. Mais son Gainsbourg n’est jamais loin, et elle ressortira de nombreuses rééditions de ses œuvres. 

Son tout dernier disque en date, Oh Pardon ! tu dormais, écrit en collaboration avec Etienne Daho, est sorti en décembre dernier. Il lui a valu d’obtenir la Victoire d’honneur lors de la 36ᵉ cérémonie des victoires de la musique ; prix remis par sa fille Lou. 
 






 
Virginie Paillard
écrit le lundi 15 mars 2021 par

Virginie Paillard

Rédactrice pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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