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Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 4 : Edie Sedgwick, la Femme Fatale de la Factory 

écrit par Virginie Paillard le jeudi 18 mars 2021

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Les irrésistibles muses des grands noms de la musique 


Chapitre 4 : Edie Sedgwick, la Femme Fatale de la Factory 


Etoile filante dans le New York des années soixante, Edie Sedgwick fait partie de ces muses qui ont inspiré de multiples artistes, sans pour autant atteindre la postérité. Et pourtant, comme sa contemporaine Nico, elle fut au centre du processus de création d’Andy Warhol, et par extension, du Velvet Underground. 


 Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 4 : Edie Sedgwick, la Femme Fatale de la Factory 
 

Edie Sedgwick grandit dans la Californie des années cinquante, dans une famille immensément riche. Son père, Francis, a découvert du pétrole sur le terrain de son ranch et en a fait sa fortune. Dès lors, la famille vit isolé dans la gigantesque propriété. Pourtant, la fortune ne donne pas à la petite Edie un début de vie idyllique. Son frère, Minty, alcoolique depuis ses quinze ans est interné en hôpital psychiatrique, il s’y suicide à l’âge de vingt-cinq ans. Dix-huit mois plus tard, c’est son frère Bobby, également instable, qui se tue à moto. 

Il faut dire que le terrain génétique n’est pas des plus favorables. Francis Sedgwick a de sérieux troubles mentaux, s’endort un peu trop souvent sur la bouteille et n’hésite pas à tromper sa femme. Edie souffre de cette ambiance familiale pesante et, adolescente, elle devient anorexique. 

Elle entreprend des études d’art, mais a du mal à suivre ses cours en raison de ses nombreux séjours à l’hôpital pour soigner son anorexie. Comble de tout, elle tombe enceinte de l’un de ses petits amis. Elle décide de se faire avorter peu de temps avant que ses frères décèdent. 

Elle abandonne ses études et fuit New York à 1964. Elle a alors vingt-et-un ans. Son chemin croise celui du célèbre Andy Warhol peu de temps après. Coup de foudre entre eux, plus possible de les séparer. Même style, même coiffure, elle ira jusqu’à se teindre les cheveux de la même couleur que son ami. L’auteur Truman Capote dira que si Andy Warhol avait été une femme, il aurait voulu être Edie. 

Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 4 : Edie Sedgwick, la Femme Fatale de la Factory 

Warhol introduit alors sa nouvelle protégée à la Factory, l’atelier d’artiste qu’il tient. Comme tous ses membres, Edie s’initie rapidement à l’héroïne et autres drogues. En parallèle, elle devient mannequin grâce à son physique avant-gardiste. En effet, sa silhouette longiligne, son extrême maigreur et ses grands yeux rappelle dans le style « héroïne chic » des 90’s. Pourtant, c’est justement sa consommation excessive de drogue et son style de vie débridé qui freinent sa carrière pourtant prometteuse de mannequin. 

Warhol ne tarde pas à demander au groupe produit par la Factory, le Velvet Underground, une chanson pour sa chère Edie. Lou Reed, leader du groupe, est alors chargé de lui écrire et composer une création sur mesure. En 1966 naît Femme Fatale, chantée par une autre égérie de Warhol, Nico. Pour lui, Edie est la Femme Fatale, dangereuse et séductrice.


Cette belle histoire ne dure hélas pas. Les deux inséparables se quittent après une violente dispute. Elle retrouve alors Bob Dylan, figure déjà emblématique du rock américain. Elle l’a croisé quelques fois à la Factory et s’est immédiatement sentie attirée par lui. Entre eux commence une aventure, bien que rien ne fût jamais officiel, Dylan étant marié à l’époque. 

Il s’inspire d’elle pour écrire le disque Blonde on Blonde, sorti en 1966. Surtout la chanson Just Like a Woman, qui raconte les déboires d’une jeune femme fragile victime de la drogue. "With her fog, her amphetamine and her pearls" (Avec son esprit embrumé, ses amphétamines et ses perles) : rien que ces paroles parviennent à résumer tout l’univers d’Edie. 
 



Certains affirment même Leopard-Skin Pill Box- Hat et surtout Like a Rolling Stone, considérée comme la meilleure chanson de tous les temps, sont également inspirées d’Edie. 

Elle tombe enceinte de Dylan peu après le début de leur relation. Victime d’un accident de moto, les médecins lui recommandent d’avorter. Son corps est trop faible, mais surtout trop dépendant à la drogue et l’alcool, pour accueillir un enfant. Après cet évènement, elle tente de se sevrer à l’héroïne en prenant plus d’amphétamines pour compenser. Autant choisir la peste plutôt que le choléra.

 

Les irrésistibles muses des grands noms de la musique / Chapitre 4 : Edie Sedgwick, la Femme Fatale de la Factory 
 

En 1967, elle entame le tournage de Ciao! Manhattan, un film semi-biographique de David Palmer et David Weisman, auquel participe Andy Warhol. Cependant, les allers-retours en hôpitaux psychiatriques, les nombreux électrochocs qu’elle subit ainsi que les surdoses de drogues retardent le tournage du film. Son état est de plus en plus déplorable, son frère Jonathan avouera plus tard qu’elle ne pouvait plus parler ni marcher par moment. 

Seul point positif, elle rencontre un compagnon d’infortune, un patient d’hôpital psychiatrique comme elle, Michael Post. Ils se marient le 24 juillet 1971. À son contact, elle arrête de boire et de se droguer pendant une courte période. Pourtant, au matin du 16 novembre 1971, il retrouve sa femme, morte dans son sommeil. La veille, il lui avait administré sa dose de barbituriques prescrite dans son traitement. Edie n’avait que vingt-huit ans. 

Son film Ciao!Manhattan sortira quelques mois après sa mort, témoignage que la frêle blonde aura brulé la vie par les deux bouts. 







 




 
Virginie Paillard
écrit le jeudi 18 mars 2021 par

Virginie Paillard

Rédactrice pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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