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Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Haruomi Hosono, le pionnier / Ses collaborations et projets de groupe

écrit par Hugues Ranjard le jeudi 22 juillet 2021

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Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Part I

 

Haruomi Hosono, le pionnier
 

On y est ! Comment mieux introduire ce guide qu'avec Haruomi Hosono, pionnier et architecte de la musique du pays du soleil levant. Haruomi Hosono a apporté une pierre considérable à l’édifice musical japonais et continue aujourd’hui d’influencer des  musiciens du monde entier. Il a fait partie d’un nombre déconcertant de groupes, de projets et donne l’impression d'être présents sur quasiment tous les meilleurs albums de ces cinq dernières décennies au Japon. Hosono est en fait l’étincelle qui allume tout, de la folk à la techno pop, de l’ambient à la musique du monde et autres ... Compositeur, producteur, multi-instrumentiste, Hosono est un artiste multi casquette. Il nait en 1947 à Tokyo et commence sa carrière en 1969. Sa connaissance de la musique et sa curiosité sans limites pour de nouveaux sons marquent de son empreinte des centaines d’enregistrements en tant qu’artiste, joueur de session, auteur-compositeur-interprète et producteur… En route pour découvrir Mister Hosono ! 
 

Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Haruomi Hosono, le pionnier / Ses collaborations et projets de groupe

 

Ses collaborations et projets de groupe

 

Apryl Fool 

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Haruomi Hosono débute sa carrière dans le groupe de rock psychédélique Apryl fool en tant que bassiste-chanteur. Le groupe a sorti un unique album en 1969. Cet album de blues- psyché est majoritairement interprété en anglais, c'est un grand classique au Japon ! Tenez-vous prêt, la première édition du vinyle se vend aujourd’hui pour des milliers d’euros ... Il marque donc le tout début de la très longue carrière d’Hosono. 

 

Apryl Fool, Apryl Fool, 1969, Columbia

 

Happy End (1969-1973)

Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Haruomi Hosono, le pionnier / Ses collaborations et projets de groupe

Hosono et le batteur d’Apryl Fool (Takashi Matsumoto) forment ensuite le groupe Happy End. Cette nouvelle formation sera rejointe par Eiichi Ohtaki et Shigeru Suzuki. Happy End est vite devenu une référence au Japon et est considéré comme étant l'un des groupes les plus influents du pays. Ce statut est une nouvelle fois dû au flair de Hosono. Un beau jour, le bougre se dit : “fini de chanter en anglais, on est japonais, chantons en japonais !”. Ce choix était à l’époque controversé, puis, le groupe a prouvé qu’il était totalement possible d’allier les codes du folk-rock occidental et la langue japonaise. Les 3 albums seront des cartons commerciaux et de véritables chefs-d'œuvre musicaux. Happy End est le précurseur de la j-pop et de la city pop. 

 

Happy End, はっぴいえんど, 1970, URC
 

はっぴいえんど (vous n’arrivez pas à le lire hein ? Moi non plus, ça veut juste dire Happy End) est le premier album éponyme du groupe. Les textes sont ici bien chantés en japonais, assurés par Eichi Othaki et Haruomi Hosono. Shigeru Suzuki et sa smoothitude de toujours assurent à la guitare derrière. L’album est à mi-chemin entre de la chanson psyché rock et des morceaux plus doux, très harmonisés.

 


Happy End, Kazemachi Roman, 1971, URC
 

Deuxième album du groupe, et pas des moindres ! Cet album concept tente de dépeindre Tokyo en musique avant que la ville ait été considérablement transformée pour les JO d’été 1964. On est pile dans notre thème ! Pour les cinéphiles, vous avez probablement déjà entendu un des morceaux de ce disque sans le savoir. Kaze wo Atsumete a été utilisé pour le générique de fin du film Lost in Translation de Sofia Coppola.
Vous voulez du chiffre ? Kazemachi Roman est placé en numéro 1 du classement “100 Greatest Japanese Rock Albums of All Time” fait par Rolling Stone. Tentant, non ? 

 


Happy End, Happy End, 1973, Bellwood Records 


Comme dirait mon expression préférée, "jamais deux sans trois". En 1973 sort Happy End, le troisième et dernier album du groupe (oui, ils se sont pas fait chier sur les noms de leurs disques). On est ici probablement sur leur meilleur album. Cet œuvre finale est enregistrée à Los Angeles et produite par Van Dyke Parks. Les membres du groupe ont vite déchanté de leur vision de l'Amérique pendant l’enregistrement. La barrière de la langue avec le personnel était alors très frustrante pour le groupe. Hosono et Ohtaki se rappellent que Van Dyke Parks était régulièrement bourré et en roue libre totale pendant la production. Le producteur leur aurait également fait des leçons sur Pearl Harbor et la seconde guerre mondiale … Malgré ces difficultés d’enregistrement, cet album est une perfection du début à la fin, comme ça, c’est dit. 


 

Tin Pan Alley (1975-1977)

Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Haruomi Hosono, le pionnier / Ses collaborations et projets de groupe

Vous êtes toujours avec moi ? Quelques années après Happy End, Hosono crée Tin Pan Alley (originellement appelé Caramel Mama) avec son guitariste de toujours Shigeru Suzuki. Masataka Matsutoya et Tatsuo Hayashi complètent l’équipe. Pour la petite info, Tin Pan Alley est une référence au surnom qu’avait la première industrie de musique populaire américaine. Haruomi Hosono est évidemment de nouveau leader du groupe. Comme Happy End, Tin Pan Alley sortira 3 albums. Comparé à Happy End, les sonorités de Tin Pan Alley sont plus tropicales et "bord de mer". Tin Pan Alley reprend aussi des morceaux des albums solos de Haruomi Hosono, dont je parlerai plus tard, vous vous doutez bien ... 

 

Tin Pan Alley, キャラメル・ママ, 1975, Panam
 

キャラメル・ママ  (Caramel Mama) est le premier album de Tin Pan Alley, sorti en 1975. La musique y est plus légère et plus easy listening que ce que pouvait faire Happy End. Ce disque pourrait même être considéré comme de la city pop - avant que le terme ne soit détourné par la  j-pop teenager, absolument terrible pour nos oreilles.

 


Tin Pan Alley, Tin Pan Alley 2, 1977, Panam
 

Tin Pan Alley 2 est probablement le meilleur album de Tin Pan Alley. Ce disque regroupe un grand nombre de styles musicaux différents. On peut aussi y entendre des reprises de morceaux d’albums solos de Hosono et de Happy End. 

 

Norio Maeda “Meets” Tin Pan Alley, Soul Samba Holiday In Brazil, 1977, Panam. 


Des airs de bossa/samba brésiliano-japonaise, ça vous chauffe ? Ce disque est le dernier album de Tin Pan Alley, accompagné du pianiste de Jazz Norio Maeda. Comme son nom le fait deviner, l'album reprend des grands classiques de la bossa brésilienne, un rêve. 

 

Sous aucuns noms apparents, Hosono sort de nouveaux albums en collaboration avec Shigeru Zuzuki et Tastura Yamashita. Cette compil' de disques, nommée CBS/Sony Sound Image Series, est une grande réussite avec de petits bijoux tropicaux comme l'album Pacific. Leurs pochettes respectives en disent long... 

 

Haruomi Hosono, Shigeru Suzuki & Tatsuro Yamashita, Pacific, 1978, CBS/SONY 


Pour qualifier cette pépite tropicale, je vais laisser Jen Monroe, rédacteur pour Listen to This s'en charger. Il a qualifié l'album de "classique" et déclarait que "sa nostalgie tropicale non dissimulée sert de tremplin pour passer d'un genre à l'autre (lounge, funk, disco, rhumba, smooth jazz, fusion latine, pop synthétique), le tout présenté en couleurs avec des chansons enjouées et pleines d'esprit". Les mots justes, la preuve juste en dessous (le full album n'est plus disponible sur YouTube, chaque morceau sont séparés, pas un problème pour autant !).

   


Haruomi Hosono, Takahiko Ishikawa, Masataka Matsutoya, The Aegan Sea, 1979, CBS/SONY 

  
 

Yellow Magic Orchestra (1978-1984) 

Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Haruomi Hosono, le pionnier / Ses collaborations et projets de groupe

Changement de cap ! On est encore en 1978, année surproductive de Hosono. À l’origine censé être un projet solo, Hosono crée le groupe Yellow Magic Orchestra (YMO) avec le très célèbre Ryuichi Sakamoto et Yukihiro Takahashi. Le groupe est un des pionniers et précurseurs de la musique électronique, avec Kraftwerk en Allemagne. Hosono s’occupe majoritairement de la basse (son instrument de prédilection), Sakamoto des synthés et Takahashi des batteries. Le groupe utilise les synthés mythiques de la musique, couplés à ceux au top de la technologie du moment, des séquenceurs, boîtes à rythmes ou encore batteries électroniques. YMO va connaitre un succès sans précédent au Japon, mais aussi en Occident. Ils feront même une tournée aux États-Unis couronnée de succès. En fouillant les bacs de vinyles à Tokyo, les disques de YMO sont omniprésents et à bas prix (dû au nombre produit). Michael Jackson et Eric Clapton ont tous les deux repris un de leur morceau, Behind The Mask, une sacrée preuve de reconnaissance n'est-ce pas ? Leur premier album (le meilleur), sort en 1978, c’est une révolution. Voici trois albums pour se lancer dans Yellow Magic Orchestra. 

 

Yellow Magic Orchestra, Yellow Magic Orchestra, 1978, Alfa


Préparez-vous pour une grande claque. Oui, ce disque est bien sorti en 1978. Le premier album de YMO est précurseur, futuriste et absolument génial. Une véritable référence au Japon. Cet album a contribué au développement de l'électro, du hip hop et même de la techno au Japon. L’album s’est vendu à plus de 250 000 copies au Japon ! Il est même entré dans les charts Billboard 200 aux États-Unis, une première. Le single 45 tour Computer game / Firecracker s’est lui vendu à 400 000 exemplaires aux États-Unis. Il est également  entré dans le top 20 des charts anglaise… Indispensable, enjoy the ride (tous les morceaux du disque sont dispos sur YouTube). 

  
 

Yellow Magic Orchestra, Solid State Survivor, 1980, Alfa 

 

Deuxième album de Yellow Magic Orchestra, Solide State Survivor sera le plus grand succès de YMO au japon avec 2 millions d’exemplaires vendus. Il sort aux États-Unis sous forme de compilation avec un autre nom, xMultiplies. YMO y va même de sa reprise des Beatles version électronique…  

   

Yellow Magic Orchestra, BGM, 1981, Alfa

 

BGM, initialement pour “Background Music” est le quatrième album de YMO. Il est connu pour être le premier album studio à utiliser de nouveaux instruments tel que la drum machine TR-808 ou encore le micro compresseur Roland MC-4. Mention spéciale pour sa pochette, à afficher fièrement au-dessus de son lavabo.


Voilà pour aujourd'hui ... On se retrouve lundi pour la suite de notre guide toujours avec Haruomi Hosono, cette fois en tant que producteur ! 

Le grand guide pour découvrir pleinement la musique japonaise / Haruomi Hosono, le pionnier / Ses collaborations et projets de groupe

 
Hugues Ranjard
écrit le jeudi 22 juillet 2021 par

Hugues Ranjard

Rédacteur en chef pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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mis à jour le vendredi 22 octobre 2021

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