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The Last Waltz : petite histoire d’un des plus grands films consacrés au rock 

écrit par Hugo Degouzel le mercredi 9 juin 2021

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The Last Waltz : petite histoire d’un des plus grands films consacrés au rock 

Tous les groupes n’ont pas eu le luxe de se payer de tels adieux. Novembre 1976, San  Francisco, soir de Thanksgiving. Le long du trottoir, sous les néons rouges du Winterland Ballroom, une foule attend de pénétrer dans la salle. À l’intérieur, rideaux rouges, lustres et tout un décor emprunté à l’opéra de San Francisco. C’est soir de dernière pour The Band, groupe  mythique composé de Robbie Robertson, Richard Manuel, Rick Danko, Garth Hudson et Levon  Helm. La fin de 16 années passées sur la route et un retour à la case départ, là où The Band a donné son premier concert. L’événement aurait pu rester entre les murs du Winterland mais il a accouché d’un des meilleurs films consacrés au rock : The Last Waltz, par Martin Scorsese. 

The Last Waltz : petite histoire d’un des plus grands films consacrés au rock 

 

« On voulait que ce soit une célébration » 
 

C’est Robbie Robertson, leader et guitariste du Band, qui prend contact avec le réalisateur quelques mois avant le concert. Ils se connaissent depuis Woodstock. Scorsese cadrait pour le film consacré au festival alors que The Band enregistrait les célèbres Basement Tapes avec Bob Dylan dans le village voisin. Les deux hommes s’apprécient — ils collaboreront de nouveau plus tard pour La Valse des Pantins (1982) dont Robertson a composé la BO. Tom Taplin, manageur du  groupe de 1969 à 1972, a même été producteur de Mean Streets et Taxi Driver. Pas la peine de chercher plus loin. La complicité est toute trouvée. 

Dans une des interviews des membres du groupe qui entrecoupent les séquences musicales, Robertson explique : « 16 ans sur la route, les chiffres commençaient à faire peur. Il était temps de dire stop. […] Alors on voulait que ce soit plus qu’un concert, on voulait que ce soit une célébration. » Et quoi de mieux pour ça que d’inviter tout le gratin. À la volée, Bob Dylan, Eric Clapton, Muddy Waters, Joni Mitchell ou encore Neil Young font partie d’une guest-list longue  comme le bras. Chacun vient y interpréter ses classiques, pendant que les caméras de Scorsese magnifient les performances par de longs plans léchés. « En filmant en 35 mm, on arrivait à tirer assez d’émotions des personnes présentes sur scène. J’ai alors décidé de ne pas filmer le public.  On ne le distingue que du point de vue des artistes. » Une petite révolution par rapport à tous les concerts filmés jusqu’ici (Woodstock par exemple, mentionné plus haut).  

The Last Waltz : petite histoire d’un des plus grands films consacrés au rock 
 

Le testament d’une époque 

 

À cela s’ajoutent des séquences captées plus tard dans les studios de MGM, comme le grand classique du Band The Weight, chanté avec les Staples Singers. Une reprise entre gospel et country rock où Mavis et Pop Staples subliment leurs couplets respectifs. Un chef-d'œuvre dans le chef-d'œuvre.

 

Si le concert est dans les faits le jubilé d’un groupe, on peut lui attacher un symbole bien plus fort. Enregistré fin 1976, il intervient quasiment à la fin d’une période dorée pour le rock. Alors plus que l’adieu du groupe, c’est l’adieu d’une période ultra prolifique et créative du genre, longue de deux décennies, avant que ne déferle la vague des années 80. Dans l’ouvrage Plus célèbres que le Christ (2004) d’Yves Bigot, Robertson raconte : « C'était la fin d'un cycle, d'une ère musicale, d'une époque. La crème du rock et de la musique américaine était là, dans toute sa diversité. Tous les ingrédients étaient réunis pour quelque chose de magique, mais sans garantie :  ça passe ou ça casse. » 


Tout s’est donc arrêté à San Francisco pour le groupe. Dans Sur la Route (1957), Jack Kerouac écrivait en posant ses bagages à SF : « J'étais arrivé au bout ; le continent, c'était fini ; il ne me restait plus qu'à revenir sur mes pas. » Ce n’est pas ce qu’a fait The Band. « La route nous a appris tout ce que nous savons, on ne pouvait plus rien tirer d’elle, conclut Robertson. Il ne fallait pas non plus trop pousser, elle a emporté des grands artistes. Hank Williams, Buddy Holly, Otis Redding, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Elvis Presley… C’est un impossible putain de mode de vie !

» 

 
 
Hugo Degouzel
écrit le mercredi 9 juin 2021 par

Hugo Degouzel

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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