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La vie parisienne de Jim Morrison ou la fin du King Lezard 

écrit par Gaël Henanff le mercredi 7 juillet 2021

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La vie parisienne de Jim Morrison ou la fin du King Lezard 

Après le procès de Miami, où Jim Morrison fut condamné en octobre 1970 pour outrage aux bonnes mœurs et blasphème, il décide de s’exiler à Paris avec la ferme intention de troquer sa vie de débauche contre un quotidien plus sain. Il ne veut plus être une rockstar. Il s’est d’ailleurs toujours considéré comme un poète doublé d’un cinéaste expérimental. Le King Lezard espère donc également y trouver le calme, nécessaire pour perfectionner sa plume. Retour sur sa (courte) vie parisienne qui n’aura duré que quatre mois...

La vie parisienne de Jim Morrison ou la fin du King Lezard 

Pourquoi Paris ? Après sa condamnation, l’avocat de Morrison interjette appel et le fait libérer contre une caution de 50.000 dollars. Il profite de sa liberté pour enregistrer le sixième et dernier album des Doors, L.A. Woman. Alors qu’il a interdiction de quitter le territoire en attendant son jugement, il décide d’écouter les conseils de ses proches et de fuir. Il choisit évidemment un pays qui n’avait pas signé d’accord d’extradition vers les États-Unis, la France.

La vie parisienne de Jim Morrison ou la fin du King Lezard 

Début 1971, il envoie sa compagne Pamela Courson trouver un logement dans la Ville Lumière. Il la rejoint trois semaines plus tard, en mars. Ils vivent finalement d’abord au luxueux hôtel George-V, puis dans un appartement rue Beautrellis, dans le quartier du Marais. Paris est une ville qu’il adore, notamment en raison des poètes qui y vivaient. Baudelaire, Rimbaud ou encore Mallarmé fascinent Morrison. Il ne pouvait donc pas rêver meilleur endroit pour se consacrer pleinement au cinquième art.

Il part également pour rejoindre ses amis cinéastes Agnès Varda et Jacques Demy. Il souhaite leur montrer deux films qu’il a réalisé avec son ami photographe Frank Lisciandro, dont HWY : An American Pastoral. Dans ce court-métrage, le King Lezard y joue le rôle principal, celui d’un auto-stoppeur enragé qui se rend à Los Angeles. Morrison y relate une expérience traumatisante qu’il a réellement vécu. Il a quatre ans lorsque lui et sa famille traversent une réserve indienne en voiture et passent près d’un véhicule accidenté. Il dira quelque temps après avoir vu des Indiens étendus au milieu de la chaussée et senti leurs âmes pénétrer en lui. C’est d’ailleurs à partir de cet évènement que seront écrits les textes des morceaux Dawn’s Highway, Peace Frog et Ghost Song.

 

Que faisait-il au quotidien ?

Morrison noircit des carnets à longueur de journées et baguenaude seul dans Paris, notamment le long des quais et dans le Marais. Il pouvait rester assis des heures sur un banc, place des Vosges. Son poème As I look back est né de son exploration parisienne. Il aime aussi se rendre à la librairie Shakespare and Company, spécialisée dans la littérature anglo-saxonne. Allen Ginsberg, figure incontournable de la Beat Generation, y allait également dans les années 50. 

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Il va très vite reprendre ses mauvaises habitudes. Il succombe de nouveau à l’alcoolisme et va à la rencontre des gens, au hasard, dans le but de tromper son ennui et sa solitude. Il se plaît à fréquenter différents bars dont La Bulle, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, et Le Rock’n’roll Circus, rue de Seine. Le second était réputé pour être le point de ralliement des musiciens anglo-saxons dans les sixties. Led Zeppelin, Mick Jagger et les Beach Boys y sont passés. Cette période dorée du Circus est derrière lui. Au moment où le King Lezard y prend ses habitudes, il ne reste plus que des dealers d’héroïne, des prostituées et des truands, ce qui lui convient parfaitement. 

Son rythme de vie dissolu lui provoque des problèmes de santé. Son médecin lui conseille alors de calmer ses consommations de drogue et d’alcool, qui, combinées à son asthme chronique, forment un merveilleux cocktail explosif. Pamela et Jim partent alors en avril en Espagne et au Maroc prendre du repos. À leur retour, début mai, Morrison repart de plus belle dans ses incroyables virées nocturnes.

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Comment est-il mort ?

La version officielle de la dernière nuit de Jim Morrison tient au procès-verbal de sa compagne, Pamela Courson. Elle est le seul témoin officiel. Selon elle, le soir du 2 juillet 1971, ils seraient allés voir La Vallée de la peur au cinéma. Ils seraient ensuite rentrés rue Beautreillis vers une heure du matin. Une fois arrivés, ils auraient regardé des films amateur et écouté de la musique jusqu’à 2 h 30 du matin. Pam serait partie se coucher, mais aurait été réveillée une heure plus tard par la respiration bruyante de Jim. Elle serait allée le voir et Morrison aurait été pris de nausées et aurait toussé de plus en plus fort jusqu’à cracher du sang. Il aurait alors décidé de prendre un bain. Pamela serait restée avec lui jusqu’à ce qu’il se sente mieux et serait aller se recoucher. Elle n’aurait vu que quelques heures plus tard à son réveil Jim Morrison décédé. Elle aurait alors appelé Alain Ronay (ami de Jim) et Agnès Varda, qui appelleront les pompiers.

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Cependant, ce témoignage ne correspond pas avec ceux qui ont vu Jim au Circus. Il serait venu chercher de l’héroïne pour Pamela auprès de deux dealers puis l’aurait essayé dans les toilettes. Le directeur artistique du bar affirme avoir découvert son corps inanimé. Les dealers l’auraient ramené discrètement rue Beautreillis. Pamela aurait alors appelé son dealer et amant Jean de Breteuil pour l’aider. Mettre une victime d’overdose dans un bain est une technique souvent utilisée pour la réveiller. Mais il était trop tard. Pamela aurait ensuite appelé Alain Ronay et Agnès Varda.

D’aucuns affirment qu’ils l’ont vu après sa mort, qu’il serait même toujours en vie aujourd’hui, qu’il vivrait en Afrique. Il n’empêche qu’il fut officiellement inhumé le sept juillet 1971 au cimetière du Père-Lachaise. Il repose non loin de son poète préféré, Oscar Wilde. Lui aussi victime du puritanisme, il a trouvé refuge à Paris et en a fait sa dernière demeure.

La vie parisienne de Jim Morrison ou la fin du King Lezard  

En bonus, on vous met ici un nouveau documentaire Arte sorti il y a tout juste une semaine ! R.I.P Jim ♡  

Gaël Henanff
écrit le mercredi 7 juillet 2021 par

Gaël Henanff

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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