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L’héritage de Jimi Hendrix

écrit par Maxim Ginoux le jeudi 21 octobre 2021

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L’héritage de Jimi Hendrix

 

Alors attention, ici on ne va pas parler argent, gros sous, famille, avocats et tous les emmerdements liés à un héritage. On va parler aux afficionados de la musique. On va parler d’héritage culturel. Car si Hendrix est mort en 1970, il y a plus de 50 ans, son nom n’est inconnu de personne. Pensez à tous ces guitaristes qui commencent à jouer en essayant d’apprendre Hey Joe. Ces guitaristes qui débutent, jalousent les riffs endiablés, s’arrachent les cheveux sur les solos cosmiques et regardent avec passion tourner le vinyle en essayant de comprendre comment le blues, ou le jazz, peut sonner aussi démentiellement psychédélique. 

L’héritage de Jimi Hendrix

Le plus extraordinaire dans tout ça, c’est qu’Hendrix n’a été officiellement sur le devant de la scène que quatre années seulement et n’a enregistré que trois albums studios avec The Jimi Hendrix Experience. 

Quatre ans pour marquer à jamais l’histoire de la musique. Car Hendrix a emporté avec lui toutes les idées reçues et a créé un nouveau genre. Il a pour toujours changer notre vision de la guitare, du talent et du show. 

Mais pour deux personnes, Hendrix a été plus qu’un mentor, un modèle. Il a été la source de toute leur inspiration, jusqu’à reproduire son style et se l’approprier. Car reproduire du Hendrix, sans se casser les dents, et réussir à se faire son propre nom, demande du talent et une grosse paire. Mesdames, messieurs Philip Sayce et Stevie Ray Vaughan. 

 

Philip Sayce

L’héritage de Jimi Hendrix

Philip Sayce est né à Aberystwyth (ah le gallois est merveilleux) au Pays de Galles, et a grandi à Toronto, au Canada. Il commence sa carrière en enregistrant et en tournant avec Jeff Healey, Uncle Kracker, Melissa Etheridge, entre autres. Il sort ensuite quelques albums dont le premier – Philip Sayce Group – en 1997. Même avec plusieurs solos au compteur, sa carrière ne décolle pas vraiment et son nom se fait encore discret. 

C’est tout jeune qu’il se prend véritablement de passion pour la musique. Ayant grandi dans une famille de musiciens et exposé à la collection de ses parents, il est particulièrement attiré par la guitare. Le déclic est sûrement lorsqu’à l’âge de 15 ans, il assiste, les yeux grands ouverts, à un concert d’Eric Clapton. 

Dès lors, il joue de plus en plus et monte son premier groupe. Il devient rapidement un habitué de la scène des clubs de Toronto, où ses solos fluides et sa musicalité envoûtante font tourner les têtes de ses fans de plus en plus nombreux. 

Il a un appétit insatiable pour les jam-sessions. Sayce commence rapidement à distiller son propre style de guitare si singulier et sa palette tonale à partir d’un melting pot d’influences comme Buddy Guy, Eric Clapton, Jimi Hendrix ou encore SRV, auquel il est le plus souvent comparé. 

Alors qu’il est encore qu’un ado, Sayce a déjà un grand nom dans la sphère musicale de Toronto. Il est alors repéré par Jeff Healey, qui l’invite à rejoindre son groupe. Un rêve pour le jeune Sayce, alors très grand fan de ce groupe. 

Sayce reste trois ans dans le groupe de Healey, il tourne dans le monde entier, notamment au prestigieux Festival Jazz de Montreux. Après trois ans, il estime que son temps est venu et décide d’élargir ses horizons musicaux.

Il s’installe alors à Los Angeles où il rencontre Uncle Kracker – avec qui il enregistre Drift away – puis Melissa Etheridge avec qui il enregistre beaucoup. C’est pendant son séjour avec Melissa qu’il enregistre Peace Machine, un album très rétro blues. Il enregistre l’album à coup de sessions lives et en quelques jours seulement. L’album est énergique et peu exigeant, délivré avec un punch surprenant et un style réel, et montre que Sayce est un chanteur plein d’âme, expressif, ainsi qu’un guitariste extrêmement talentueux et un musicien complet. 

 

Mais c’est véritablement sur scène que Sayce brille le plus, merci à ses années de jams. Avec un savant mélange de puissance et de finesse, le guitariste libère des solos viscéraux et hypnotiques. Sayce continue sa carrière et délivre encore des albums studios, plus travaillés que les premiers, plus sophistiqués et plus soignés en termes d’écriture, de sonorité et de performance. 

Sayce reste encore jeune et a beaucoup à délivrer à l’histoire de la musique. Néanmoins, il mérite une plus grosse carrière qu’il n’a déjà et mériterait de remplir des grandes salles. Mais l’artiste au grand cœur, ne se déplait pas de sa situation et joue avec plaisir dans des petits bars pour son plaisir, mais aussi pour le plaisir des chanceux spectateurs présents pour des concerts intimes et chaleureux. 

  

 

Stevie Ray Vaughan

L’héritage de Jimi Hendrix

Avec son jeu de guitare étonnamment accompli, Stevie Ray Vaughan a enflammé le renouveau du blues dans les années 80. C’est en s’inspirant des plus grands que Vaughan développe un style éclectique et fougueux unique qui ne ressemble à aucun autre guitariste, quel que soit le genre. Vaughan a comblé le fossé entre le blues et le rock comme aucun autre artiste ne l'avait fait depuis Hendrix. De 1983 à 1990, Stevie Ray était la figure de proue du blues américain, faisant constamment salle comble lors de ses concerts. Sa mort tragique en 1990, à l'âge de 35 ans, a mis fin à une brillante carrière, alors qu'il était au bord de la superstar, du mythe.

Né à Dallas, Vaughan commence à jouer de la guitare à l'âge de 7 ans, inspiré par son frère aîné Jimmie. À 12 ans, il joue dans des groupes de garage et rejoint quelques années plus tard des groupes semi-professionnels qui décrochaient occasionnellement des concerts dans des boîtes de nuit locales. À 17 ans, il abandonne le lycée pour se consacrer à la musique. En 1970, Stevie forme son premier groupe de blues, Blackbird. 

Blackbird déménage à Austin et après quelques autres passages dans divers groupes, Vaughan rejoint Paul Ray and the Cobras en 1975. Stevie forme Triple Threat Revue en 1977. Triple Threat comprenait également le bassiste W.C. Clark et la chanteuse Lou Ann Barton. Barton quitte le groupe en 1979 et le groupe devient Double Trouble, nom inspiré de la chanson d'Otis Rush. Double Trouble comprend Jack Newhouse à la basse, Chris Layton à la batterie et Vaughan devient le chanteur principal du groupe. En 1981, Tommy Shannon se joint au groupe à la basse et le power trio est créé.

Au début des années 1980, Stevie Ray Vaughan et Double Trouble jouent sur le circuit des clubs du Texas, devenant l'un des groupes les plus populaires de la région. En 1982, le groupe joue au Festival de Jazz de Montreux et leur performance attire l'attention de David Bowie. Bowie demande même à Vaughan de jouer sur son prochain album, Let's Dance, qui, avec la guitare solo de Stevie sur six des huit chansons, devient le disque le plus vendu de Bowie à ce jour. Oui, tendez bien l’oreille, c’est bien SRV à la guitare dans la chanson culte et éponyme Let’s Dance.

Mais Vaughan refuse la tournée que lui offre Bowie, car il préfère promouvoir son propre disque sorti juste après Let’s Dance, à savoir Texas Flood. La publicité concernant le retrait de Stevie de la tournée mondiale de Bowie lui a valu pas mal d'attention, et Texas Flood a été un succès fulgurant dans le domaine du blues, recevant des critiques positives dans les publications blues et rock. 

Vaughan et Double Trouble partent en tournée et enregistrent rapidement leur deuxième album, Couldn't Stand the Weather, qui sort en 1984. L'album a plus de succès que son prédécesseur, et à la fin de 1985, l'album est certifié or. Double Trouble sort son troisième album, Soul to Soul en 1985 qui connait également un certain succès.

Bien que sa carrière professionnelle soit en plein essor, Vaughan s'enfonce dans l'alcoolisme et les drogues. Malgré sa santé déclinante, Vaughan continue à se surpasser jusqu'à s'effondrer en Allemagne en 1986. Près de trois semaines de la tournée européenne sont annulées pendant que Vaughan se réhabilite avec succès aux États-Unis.

Bien que le calendrier des tournées du groupe se ralentisse légèrement, Vaughan donne de nombreux concerts en 1988, notamment la première partie de la tournée de Robert Plant, un concert en tête d'affiche au New Orleans Jazz & Heritage Festival, une tournée européenne et il trouve encore le temps d'enregistrer son quatrième album. 

Au printemps 1990, Stevie Ray enregistre un album avec son frère Jimmie, dont la sortie est prévue pour l'automne de la même année. À la fin de l'été 1990, Vaughan et Double Trouble entament une tournée américaine. Le 26 août 1990, leur concert à East Troy, dans le Wisconsin, se termine par un rappel avec les guitaristes Eric Clapton, Buddy Guy, Jimmie Vaughan et Robert Cray. Après le concert, Stevie Ray monte à bord d'un hélicoptère à destination de Chicago. Quelques minutes après son décollage à 0 h 50, l'hélicoptère s'écrase, tuant Vaughan et les quatre autres passagers. Il n'avait que 35 ans.

Family Style, l'album des Vaughan Brothers est sorti en septembre et est entré dans les charts à la septième place. Mais tout comme Hendrix, plusieurs albums sortiront à titre posthume, tant le travail des deux a fourni du matériel musical à n’en plus finir. 

La boucle est bouclée. Sayce grand fan du jeu de SRV, lui-même grand fan du jeu d’Hendrix. Qui sera le prochain pour continuer sur la lignée des plus grands ? Car en plus de savoir manier la pédale wah-wah, la strat ou encore la pédale big muff, il faudra une sacrée dose de talent et de travail pour perpétuer l’héritage qu’Hendrix nous a laissé, 50 ans auparavant.

Maxim Ginoux
écrit le jeudi 21 octobre 2021 par

Maxim Ginoux

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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