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Nirvana, In Utero : Une histoire derrière le dernier album mythique du groupe

écrit par Manon Rognard le mercredi 3 novembre 2021

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Nirvana, In Utero : Une histoire derrière le dernier album mythique du groupe

2 ans après le succès colossal de Nevermind, Nirvana sortait son troisième et dernier album : In Utero


Nirvana, In Utero : Une histoire derrière le dernier album mythique du groupe

Le 13 septembre 1993, après un passage en studio compliqué, In Utero voit le jour et déjà, notre œil est touché. La pochette est sublime. Je ne vois pas pourquoi on s’embêterait à faire des phrases compliquées : Elle est sublime. Inspirée du visuel de Music from the body de Roger Waters (Pink Floyd), l'écorché aux ailes d'ange nous conte à lui seul les enjeux du disque. L'humain dans ce qu’il a de plus viscéral et de plus beau, un être ainsi quasi mystique.  

Mais avant de vous en parler les amis, j'ai une suggestion. On devrait écrire des 4e de couverture pour les albums. Celle d'In Utero, elle serait un peu cornée en bas, c'est sûr. D'avoir été trop passée de mains en mains, d'avoir trop ému ou trop scandalisé, on en aurait bousillé les coins. Elle nous préviendrait gentiment. "Vous allez être confronté aux sentiments humains dans leur forme la plus brute. Ce sera violent, déchirant et parfois d'une surprenante douceur".  

Vous voyez, une 4e de couv’ aux allures de livre fétiche. De celles qu’on garderait au chaud dans nos vestes, tout comme Kurt glissait The Perfume dans sa poche. Roman qui devait lui faire fondre le cœur tant les problématiques du héros étaient similaires aux siennes. Écrit par Patrick Süskind, il est le récit d'un homme qui ne supporte pas  l'odeur des êtres humains.  

Nirvana, In Utero : Une histoire derrière le dernier album mythique du groupe

Directement inspiré du bouquin, Scentless Apprentice est un OVNI, une rage, une tension permanente. Au travers d'une cacophonie désarmante : guitare déchirante, voix hurlante, batterie éreintée, l’appel d’un homme perdu dans un monde inadapté se fraye un chemin jusqu'à nos oreilles toutes coulantes d’émotions. 

L’appel revient au cours de l’album. Lorsque, sorti tout droit d'entrailles torturées un chant guttural, nous implore : Rape me. Le titre choque. Les féministes s'insurgent, pourtant, le groupe compte bien parmi les alliés. Il n'est question ni d'incitation ni de "promotion" du viol. Au contraire, il est le seul acte d'une violence telle qu'il dépasse la douleur d’être soi.¹

Alors, au milieu de ces torrents sombres, Dumb ou encore All apologies surgissent comme un peu de soleil dans l'eau froide.² « The sun is gone, I have light » et ce jusque dans sa voix, qui devient alors plus ouverte, plus lumineuse. La guitare plus légère. Des riffs de basses et de guitares plus mélodieux. Comme avec Heart-Shaped Box qui porta le disque au plus haut de sa popularité ou le sous-coté Serve the Servants qui lui, ouvre le bal dans une atmosphère sale et électrique. 

À l’inverse, plus déconstruits, des titres tels que Radio friendly unit shifter nous secouent comme du petit-linge victime de force centrifuge. Le morceau débute sur une longue distorsion alarmante rapidement rattrapée par la  batterie martelée de Dave Grohl tandis que la guitare siffle à nouveau, frôlant le larsen. Le morceau est à l’image  du disque et sa poésie dérangeante : abrasif, et doux. 

Si l’album est universel par la douleur, un mince filet de lumière en fait un monument.  

Pour en lire encore plus sur Nirvana, vous pouvez découvrir le jour où le groupe s'est fait dégager de sa propre release party pour l'album Nevermind ici ! 

 


¹ C’est dire à quel point le groupe considère le viol comme injustifiable, irréparable, impardonnable.  

² Citation tirée du poème de Paul Éluard

Manon Rognard
écrit le mercredi 3 novembre 2021 par

Manon Rognard

Rédactrice pour Janis, nouveau média 100 % musique lancé par LiveTonight

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mis à jour le mardi 9 novembre 2021

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