Culte

The Doors, vision d'un fan 

écrit par Victor Bouteiller le mercredi 16 mars 2022

Janis > Culte > The Doors, vision d'un fan  >

The Doors, vision d'un fan 

 

Je n'ai jamais compris The Doors. Qu'il s'agisse des longues tirades profondes et bucoliques de Morrison, de la guitare hispanisante et tonitruante de Robby Krieger, de Manzarek le maestro du clavier ou bien de la batterie de Densmore, je n'ai jamais compris l'intérêt de ce groupe. Pourtant, je les adore. Jim Morrison parti trop tôt, et moi né trop tard pour apprécier les joies de l'une des légendaires prestations alcoolisées du quatuor californien, j'ai su trouver mon réconfort dans l'écoute de leurs albums. Gamin, je fus très tôt confronté à la version de Riders On The Storm, l'ultime chef-d'œuvre du groupe, repris et réinterprété par Snoop Dogg, qui m'accompagna bien des heures à bord d'une caisse, nitro à fond, dans Need For Speed Underground 2 sur ma PS2. 


The Doors, vision d'un fan 

Puis Coppola est arrivé avec Apocalypse Now. Cette déferlante de teintes orangées, de sueur dégoulinante du visage de Martin Sheen et d'hélicoptères tournoyant au son de The End est encore source de fascination à chaque vision du film culte. Je la (re)découvrit sous un nouveau jour lorsque vint à moi le premier métrage de Martin Scorsese Who's Knocking At My Door, dans une sublime scène de sexe avec un Harvey Keitel déjà iconifié. Quoi qu'il en soit, cette véritable épopée Œdipienne, qui vaudra bien des déboires à la bande de Morrison, est pour beaucoup une porte d'entrée vers le cinéma et surtout vers le groupe.

 

Je finis par franchir le pas de cette porte pour atteindre les autres pièces, plus sombres pour certaines, colorées pour d'autres et sans-dessus dessous pour les plus exiguës. Chaque pièce constituant la discographie des Doors, elles se parcourent en y restant quelque temps pour bien s'y acclimater. Leur premier album éponyme, aux tendances blues rock teinté d'influences orientales, de poésie, de sexe et de riffs étincelants, m'a tout de suite charmé. Comme orné d'une tapisserie murale dantesque trouée de boulettes de clopes et empestant le whisky embaumé d'encens, ce disque fut ce qui alluma alors la flamme d'un foyer incontrôlable pour moi et pour le groupe. Brûlant la chandelle par les deux bouts, surtout en tournée, leur réussite, autant que mon amour pour eux, se confirma avec les excellents Strange Days et Waiting for the sun

The Doors, c'est comme si j'étais marié depuis trente ans, mais aussi vierge de toute relation. C'est à la fois un voyage au paradis et une descente aux enfers. Ray Manzarek me fait aimer, supporter et détester les solos de clavier de six minutes. Morrison me fait pleurer, gueuler, chanter et sourire de par ses textes et sa voix enchanteresse. Puis, que dire de Robby Krieger et John Densmore, tous deux garants du vaisseau The Doors, prodiguant l'énergie et la fougue nécessaire à la bande. Je n'ai pas le temps d'épiloguer sur Jim Morrison, personnage emblématique de la scène rock, membre du fameux « Club des 27 », sex symbol au destin tragique, couplé d'une muse nommée Pamela Courson, au destin tout aussi tragique, tous deux débordants d'amour et d'alcool, mais surtout de poésie. À vrai dire, je n'en aurai jamais le temps, mais surtout, je n'en aurai pas la force tant la magie indéfectible et la musicalité surprenante qui enveloppe les textes de Morrison m'est indescriptible. Je ne pourrais que le qualifier de Rimbaud sous crack ou de Bob Dylan merveilleux et ecstasié. 

The Doors, vision d'un fan 

Néanmoins, dans cette maison discographique, Jim Morrison occuperait une pièce à part. Sa poésie serait une cave moite dont les lambris sur les murs et les bougies cloisonneraient le cerveau dans son imaginaire. « La Nuit Américaine » reste mon recueil préféré. Je n'ai pas toujours compris pourquoi Jim écrivait telle ou telle chose. Cependant, ça résonnait en moi, à l'image du poème LA ROBE DE MARIÉE : « étendue sur son lit, la future mariée écoute les festivités en bas. Dans un rêve – il l'enlève ». Si court, mais si déconcertant, les mots apposés à une telle personnalité n'ont pu que trouver leur public.  

Enfin, dans un domaine artistique où la nostalgie est le moteur qui fait tourner l'industrie, The Doors est mon carburant. Mes trajets sont souvent agrémentés de pépites comme People Are Strange, When The Music's Over, Love Steet, Whisky Bar, Tell All The People et autres joyeusetés. Car quiconque écoutera les Doors n'en sortira pas indemne, je pense qu'il est indispensable, cinquante ans après la mort du « King Lizard », de perpétuer le mythe d'une bande de potes qui avait tout compris et qui illumine encore le paysage musical actuel de son rayonnement mystique. 


 
Victor Bouteiller
écrit le mercredi 16 mars 2022 par

Victor Bouteiller

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

Voir d'autres articles

mis à jour le mercredi 16 mars 2022

Encore curieux ?