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 5 ans après, on n'a toujours pas fait mieux que Melodrama de Lorde 

écrit par Mel le vendredi 13 mai 2022

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 5 ans après, on n'a toujours pas fait mieux que Melodrama de Lorde 

En août 2021, Lorde, alias Ella Yelich-O’Connor, dévoile son troisième album :  Solar Power. Un projet introspectif dans lequel la chanteuse néo-zélandaise nous transporte dans son pays natal à travers un voyage sonore et visuel. Abandonnant les notes synth-pop et house de ses précédents projets, Lorde et son producteur Jack Antonoff se tournent vers une guitare acoustique, proposant ainsi un album pop-folk. Néanmoins, ce nouvel opus a divisé les fans et la critique, sans parvenir à surpasser le brillant Melodrama. Revisitons ce projet qui a réussi à briser la malédiction du deuxième album. 

 5 ans après, on n'a toujours pas fait mieux que Melodrama de Lorde 

Après le succès fulgurant de son single « Royals » en 2012, extrait de son premier album Pure Heroine, Lorde s'est rapidement imposée comme une étoile montante de la scène pop internationale. Sa voix rauque et la profondeur de ses textes, pour une artiste de seize ans, ont séduit un public en quête d'un monde plus juste, charmé par son anticonformisme et sa vision unique. Quelques années plus tard, elle nous offre Melodrama, un album sombre et euphorique conçu avec une grande finesse et sagesse. 

Entre 2012 et 2017, de ses seize à ses vingt et un ans, Lorde a parcouru la transition de l'adolescence à l'âge adulte. Une période souvent boiteuse, remplie de doutes et de découvertes. Cette thématique est au cœur de son deuxième album, où la chanteuse nous dévoile son journal intime à travers des mélodies à la fois vibrantes et mélancoliques. 

Melodrama se présente comme une métaphore vivante, évoquant la jeunesse, les premiers pas vers l'indépendance et une relation amoureuse. Tout semble avoir une double lecture.  D'un côté, Lorde partage ses premières expériences liées à l'entrée dans l'âge adulte, et d'un autre côté, de manière plus subtile, elle fait allusion à sa récente rupture amoureuse. 

Le New York Times décrit l'album comme un « témoignage de la solitude et de la douleur du cœur ». Bien que ces chansons soient inspirées de ses propres expériences, leur succès réside dans la capacité de Lorde à rendre ses émotions intemporelles et universelles.

Qui n'a jamais ressenti l'impression d'être « un jouet utilisé jusqu'à l'épuisement, puis délaissé » ? C'est ce que la chanteuse exprime dans « Liability », une ballade au piano où elle fait l'éloge de l'amour de soi. C'est une chanson d'amour que l'on se chante le soir, lorsque le doute et la solitude nous tiennent éveillés. Dès le premier couplet elle chante : « J'imagine que je rentrerai seule, dans les bras de celle que j'aime, le seul amour que je n'ai pas détruit.  Elle est si difficile à satisfaire, elle est comme un feu de forêt. » À ce moment de la chanson, on pourrait penser que Lorde avoue être tombée amoureuse d'une femme, utilisant le morceau pour le révéler. Mais juste après ces paroles, elle poursuit : « Je fais de mon mieux pour lui plaire, jeux de séduction, danses romantiques. Mais tout le monde voit bien qu'il n'y a qu'une personne dans cette pièce, dansant seule en essuyant ses larmes. » Nous comprenons alors que la chanteuse s'adressait à elle-même depuis le début, nos yeux deviennent inévitablement humides.

Cependant, considérer Melodrama uniquement comme une expression de tristesse et de solitude serait une erreur. L'album regorge de morceaux festifs et entraînants. Avec un piano envoûtant, un refrain puissant, des graves envoûtants et des paroles explicitement touchantes,  « Green Light » donne des frissons et invite à la danse. Aujourd'hui, ce morceau est certifié disque de platine aux États-Unis et a été nommé deuxième meilleure chanson de la décennie par NME. Lorde se libère, déchaînée, prête à briser les chaînes qui la retenaient captive.

Par la suite, elle explore une variété de sonorités et d'images mentales, oscillant entre l'obscurité et la saturation, entre l'orange et le bleu nuit, jouant avec sa voix, la brisant et la reconstruisant. Elle danse entre les ballades et les morceaux synth-pop, flirtant avec la house et l'électro. 

L'album se clôt sur l'ardent « Perfect Places » où, plus que jamais, Lorde s'interroge sur le besoin d'évasion que l'on ressent en devenant adulte. Elle questionne notre place dans le monde lorsque nous avons vingt ans et que nous vivons pour la fête. « Toutes ces nuits passées sans les voir, à chercher ces endroits parfaits. Mais, bordel, qu'est-ce qu'un endroit parfait ? », interroge la chanteuse dans le refrain de ce dernier morceau. 

Melodrama est une explosion d'émotions. C'est la force de ce deuxième album, alliant des sonorités innovantes à des paroles à la fois universelles et touchantes. Lorde rend hommage à cette jeunesse qui souffre, qui avance sans but dans l'obscurité des lampadaires nocturnes.  Une jeunesse qui pleure, dissimulée derrière les paillettes et les confettis.

Mel
écrit le vendredi 13 mai 2022 par

Mel

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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